Une fois n’est pas coutume, ci-dessous un peu d’histoire sur Rolampont de la part de notre maitre conférencier et local, Alain Prodhon.
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Évolution de Rolampont à la fin du 19ème siècle.
De longue date Rolampont a une eu vocation à la fois agricole et industrielle. Mais le village a beaucoup évolué à la fin du19ème siècle. A cette période, des grandes transformations voient le jour sur son territoire.
Le 19ème siècle n’était pas l’âge d’or des travailleurs (pas de protection sociale, petites rémunérations). On vivait à la dure. L’activité paysanne était présente partout dans la campagne du lever du jour à la tombée de la nuit. Sur les chemins cahoteux le clapotis des pas des chevaux ferrés venaient briser le profond silence de la campagne. Les travaux des champs mobilisaient beaucoup de main d’œuvre : paysans, vignerons, manœuvriers. Les cultures céréalières et les prairie artificielles à base de sainfoin recouvraient le plateau. Les prairies naturelles occupaient la vallée de la Marne et ses affluents. Des petites parcelles imbriquées dans un maillage de sillons en ados permettaient le drainage de l’eau vers la rivière. Ces prés étaient destinés à la fauche du foin et du regain. Dès l’automne venu, la vaine pâture était un droit d’usage qui permettait de faire paître gratuitement son bétail en dehors de ses terres, empêchant ainsi la pose d’une clôture. Le droit de vaine pâture fut supprimé en France par la loi du 22 juin 1890, sauf si le conseil municipal demandait le maintien d’un droit.
Beaucoup de travaux à la vigne occupaient les hommes de la fin de l’hiver jusqu’à l’automne. Les paysans mettaient en valeur la moindre pente bien exposée au soleil du midi et du couchant. Autour des sources, la culture du chanvre développait ses activités : culture et rouissage. Le chanvre à l’époque était le principal fournisseur de fibres textiles. En hiver la forêt générait également du travail pour les villageois qu’ils soient bûcherons, charbonniers ou simple affouagistes.
De nombreux artisans travaillaient au service des habitants : maréchal ferrant, forgeron, charron, bourrelier, tisserand, cordonnier, meunier, fromager, charpentier, maçon et tailleurs de pierre, etc… Au bord de la Marne et de ses affluents la force hydraulique actionnait sept moulins et une scierie.
A partir de 1847 cinq tuileries se développent sur la commune. Une des grandes causes d’aisance dont jouissaient une partie de la population de Rolampont, était principalement l’embauche en tuilerie avec le cortège de travaux accessoires : saisonniers pour extraire l’argile en carrière et rouleurs pour transporter les produits préfabriqués. Pendant 130 ans, Rolampont se rangea au premier rang de la production départementale de tuiles et de briques. Les grandes cheminées fumantes des tuileries ainsi que les grandes carrières d’extraction d’argile à ciel ouvert caractérisait le paysage Rolampontais. Alors que les carrières d’argile étaient en plein essor, les carrières de tuf à la tufière s’estompaient, le matériau brique prenant le dessus sur le tuf dans le domaine de la construction.
La route nationale traversait le village. Les convois d’attelages assuraient le transport des matériaux de l’industrie ainsi que le commerce des produits de l’agriculture. Les Maîtres des forges payaient une taxe spéciale « d’usure des routes » tant le trafic était important.
La voie de chemin de fer s’implanta dans la vallée de la Marne entre 1857 et 1861, Puis survint la guerre de 1870, et la défaite de 1871. Après la guerre la région de Langres était un vaste chantier avec la construction des forts et des structures s’y rapportant (batteries, routes et chemins de fer stratégiques). En surplomb de Rolampont, le fort de Saint-Menge fut construit entre 1875 et 1878. Puis ce fut la naissance du canal. Pour la section Rolampont-Corlée, l’inauguration eut lieu le 5 mai 1895.
Ces grands chantiers engendraient des nuisances auprès des paysans qui en faisaient les frais (expropriations) et de la population (dégradation des voies de communication, village coupé en deux parties, construction de deux ponts pour enjamber la nouvelle voie d’eau). En contre partie, le commerce était facilité grâce à la ligne de chemin de fer et le canal qui venaient d’être mis en service.
A Rolampont comme dans de nombreuses localités l’évolution fut importante dans tous les domaines il y à 150 ans. Bon an mal an les conditions de vie s’améliorent. La machine à vapeur arrive au service de l’industrie. La fée électricité commence à scintiller. Tel un long fleuve tranquille le développement économique et le progrès s’est manifesté à Rolampont à la fin du 19ème siècle
A. Prodhon