CHALMESSIN – Réserve naturelle

Vivey niché au cœur du Parc National de Forêts doit son nom d’origine « Aquaviva », à l’un des ruisseaux qui forme l’Aube. Les maisons du village sont blotties au cœur d’un étroit et profond vallon dominé par les monts boisés du Montoille et du Fessiot. L’église de la Nativité de la Vierge date du XVe siècle. A proximité, le château au charme romantique, construit au XVIIe siècle au cœur d’un grand parc, est orné de deux tours d’angle d’inspiration médiévale aux toits coniques recouverts d’ardoises.

Le château de Vivey, les dépendances et le parc sont actuellement en cours de restauration par les nouveaux propriétaires Arnaud et Cathrin qui sont tombés fous amoureux de ce joyau architectural en péril et ont décidé de tout faire pour le sauver et lui redonner son éclat d’antan. Ce lieu était bien connu et rempli de vie jusque dans les années 1980 puisqu’il accueillait un hôtel-restaurant à succès. Malheureusement, le patrimoine, sans une attention particulière, se détériore très rapidement et Vivey se retrouvait avec une presque ruine. Une renaissance est donc en train de s’opérer. Face à l’ampleur des travaux de restauration nécessaires, Arnaud et Cathrin ont décidé de s’associer à la Fondation du patrimoine, un acteur majeur dans la préservation du patrimoine français. La signature de la convention avec la Fondation, en présence du représentant de la Fondation du patrimoine, du vice-président du Parc national de forêts, un représentant de la commune, ainsi que de nombreux amis et soutiens engagés dans le projet depuis le début, marque un tournant décisif pour la sauvegarde du château.

Nous prenons la direction de la Réserve Naturelle de Chalmessin, aux confins du département, en bordure de la Côte d’Or. Elle constitue un trésor naturel au milieu des bois. Ses 124 hectares abritent l’un des marais tufeux les plus remarquables du plateau de Langres. Depuis la dernière glaciation, des conditions très particulières ont permis à ce vallon de conserver une faune et une flore typiquement montagnardes. Ce site naturel d’une rare richesse écologique, avec des espèces protégées, des espèces menacées et rares, se cache au fond d’un vallon niché au sein d’un écrin forestier. Alimenté par de nombreuses sources, le marais tufeux âgé de 7000 à 8000 ans a peu évolué au cours des millénaires. Le relief est très accentué, les pentes raides orientées pour l’essentiel au nord et au sud favorisent des microclimats particuliers, avec de belles oppositions de versants. Les nombreuses sources situées vers le fond et le milieu du vallon sont considérés comme étant les sources principales de la Tille ; chargées de carbonate de calcium dissout, elles sont responsables des dépôts de tuf et à ce titre sont à l’origine de la formation du marais. Mis à part une petite tendance à la dynamique naturelle de certaines parties du site, il est en très bon état de conservation et constitue l’un des sites botaniques haut-marnais les plus remarquables.

Nous passons devant la reconstitution d’un chantier de production de charbon de bois en forêt. Au XIXème siècle, les charbonniers installaient leurs campements dans le bois et se déplaçaient au gré des coupe. Jour et nuit, pendant 4 jours, ils surveillaient la combustion de leurs meules sur les places à charbon, terrain circulaire aménagé pour permettre la construction de la meule. Ce combustible était destiné à la métallurgie de la fonte et du fer très importante en Haute-Marne (100 000 tonnes par an au XIXème siècle).

Sur le chemin du retour, nous découvrons la Croix au loup au cœur de la forêt. La stèle rappelle le combat livré le 21 décembre 1811 entre un loup enragé et furieux et Jean-Christophe de Laulté, ancien seigneur et maire de Vivey. Armé seulement d’une petite serpe, il étendit à ses pieds le terrible animal, et délivra le pays du monstre qui en aurait été longtemps la terreur. Six personnes avaient déjà péri de ses blessures quand leur vengeur en mourut lui-même, 85 jours après sa victoire.

Vivey est l’un des sites les plus sauvages du département et nous avons pris beaucoup de plaisir à découvrir une partie des richesses discrètes cachées dans le village et au cœur des forêts profondes environnantes.

A.P.

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